20-04-08
ACTION BEAT
à l’Inca – BORDEAUX- 20h30h- 4€

« Qu’est-ce que les bordelais du clues ont bien pu branler pour ne pas aller à ce truc génialissime? ». La phrase de ce petit enculé de Bohu résonne encore à mes oreilles rougies par le froid comme je trace vers l’Inca. C’est 20h30, j’ai trop bossé donc j’ai pas eu le temps de manger et je me refais le film de cette soirée grotesque où, fauché tel un Battiston éploré, j’écoutais le concert des Action Beat et Riotmen à travers la grille d’aération de la cave de l’Inca. Toujours sans le sou mais avec la monnaie de ce que Tank m’a filé la veille, je suis bien décidé à twister le mektoub, ce gros con. Julie à l’entrée:

-Wé, salut, ça va et toi wé super wé mais y’a un des groupes qu’est pas là.

-Diantre, mais lequel? Lui répondé-je, down as fuck.

Je prie mon nouveau dieu du mal pour que sa réponse soit « Bob Corn», l’italien en solo folk qui est censé ouvrir le bal et

-C’est les anglais là, pas de nouvelle du tout.

Je pleure intérieurement et me décide pour prendre une bière, je fais pas le voyage pour rien, comme Schumacher. Martin de me dire:

-Hey mon lapin’g, y’a plou deu bierr.

Bien décidé à ne pas me jeter de suite dans la Garonne, je me rabats sur le Ricard et mise sur le fait que les anglais arrivent de Nantes, et que les gonzes de Headwar en sont venus en retard hier soir aussi. Me pose en terrasse pour fumer, j’ai froid et je vois ma clepsydre anisée me guider droit vers la case maison devant une bouse à la télé. Ca y est, Passe-partout va fermer la cellule, je me refais une beauté et m’en vais le coeur lourd, mais ce con de camion me bloque la route, avec ses plaques pas de chez nous, ho enki, ptain de tourristes. Atta, en sortent un tripotée de gonzes blondinets, des vrais et ma perspicacité encore au taquet de me sussurer:« Gn, banco, gn, huhu ». Ils sont arrivés, Bob Corn est déjà en train de jouer, z’auront un quart d’heure pour tout installer. Donc nouvelle attente en terrasse, avé la banane cette fois et les Beattles descendent une quantité impressionnante de matos à la cave. L’italien marrant remonte sa mine de prof de physique sympaT mais les anglais se mettent à table et je regarde Martin, la main sur le coupe fusible des 23 heures, heure à laquelle le son doit s’arrêter. Je noie mon anxiété dans les cacahuètes, c’est une première pour moi mais j’ai trop la dalle, et je me mets en mode auto, casser dépioter avaler et je mets une bonne claque au saladier. Je calcule que j’aurais pas assez de ronds pour boire encore, mais le patron de l’épicerie d’à côté est venu se rincer à la débauche et jette aimablement ses cosses de cahuète dans mon verre presque vide. Le « presque » fait toute la différence, parce que quand il s’en rend compte, il voit aussi dans mes yeux poindre les menaces de poursuites judiciaires et autres assignations à comparaître que je suis prêt à dégainer, du coup il remet le sien dignement. Super, je descends voir où en est l’installation.
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En bas de l’escalier, y’a plus de place. On m’avait parlé de trois batteries, mais là y’en a 3 ½, voire 4, et plus du tout de place pour le public. HAHAHA, ça va me plaire ça. Une fois installés, ils poussent le tout au maximum dans le fond, libérant un petite moitié de la salle. Quelques accords font descendre les folkeux qui ne sont pas partis, je me trouve une place bonnarde, cette fois-ci je laisse pas ma part aux chiens et…
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LA GROSSE TARTINE!!! Bon, Action Beat ce soir c’est donc quatre batteurs, trois guitaristes et un bassiste. M’en manque peut-être parce que les gonzes bougent beaucoup, c’est dur à dire. Les batteries ouvrent le bal, cliquetant les baguettes sur tout ce qui est à portée, le sol, les murs et d’un coup… Tous ensemble, une giffle de son invraissemblable. Le son c’est l’arme principale du combo, et il est bon, pas trop fort, mais surtout il est riche et puissant, comme jamais mon pote. Les yeux écarquillés, le sourire jusqu’aux oreilles, les vingt premières secondes m’ont déjà mis dedans, pour de bon. J’en reviens pas, ce que c’est bon! Que ce soient les percus ou les cordes, ils jouent souvent ensemble, tout en étant assez nombreux pour qu’il y en ait un qui vienne assaisonner le mix. C’est noise, punk, des petites montés de fort à surpuissant, t’es obligé de headbanger comme un âne, tout mon corps est porté par ce son terrible. Me semble pas que les compos auraient un grand intérêt interprétées par un trio, mais là c’est pas le propos.
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Eux sont tous au taquet, ça saute, ça danse, ça frappe debout, ça hurle et c’est vraiment fou. Ils prennent leur pied même s’ils ne savent pas où dormir ce soir. Je pense à comment ça peut être tendu d’avoir un groupe juste à trois, mais eux balancent tout à huit ou neuf, ça fait plaisir à voir. Quatre ou cinq morceaux pour environ 25 minutes hors du temps, hors de tout si ce n’est cette tartine de son qu’ils te collent aux oreilles.
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Je rentre me faire des nouilles avec les yeux qui brillent. A ne pas rater, t’auras compris.